Rencontre avec Olivier Trombetta, vigneron du Domaine Le Cri de l’Araignée. Installé en Côte du Rhône, le domaine se situe à 10 kilomètres au nord d’Orange, à Sainte-Cécile-les-Vignes dans le Vaucluse.
Pour Olivier, le vin n’est pas une histoire de sang mais de passion. Il a pris goût à ce métier grâce à des copains vignerons qui l’ont poussé à se lancer dans la grande aventure de la vigne et de la terre. En 2008, il achète 2,5 hectares de vignes pour créer le domaine Les Grands Enfants avec deux amis. Le Cri de l’Araignée est né en 2015, lorsqu’Olivier achète 6 hectares de vignes. Il cultive 3 grands cépages typiques de cette région, le Carignan, le Mourvèdre, le Grenache, à l’origine de ses deux cuvées Tauit et Première Toile.
Peu amateur des vins conventionnels «fermés, sans âme et tous les mêmes», il s’oriente vers une agriculture plus saine pour récupérer les vignes de base qui ne l'étaient pas du tout. Un long chemin qui se concrétise au commencement de sa conversion en agriculture biologique depuis mars 2020. Le domaine n’utilise pas de pesticides, d’herbicides, ni de soufre dans les vignes. L’ajout de sulfites est utilisé seulement au moment de la mise en bouteille mais n’est pas impératif pour Olivier.
Mais les vins biologiques sont-ils tous sans dégâts ? Il arrive parfois aux vignerons de se retrouver avec de mauvaises surprises. C’est ce qui est arrivé à Olivier lors de la mise en bouteille d’une cuvée. «En 2012, on a réalisé la mise en bouteille et la vente d’une cuvée pour Les Grands Enfants. Deux mois plus tard, on a eu le malheur de découvrir un goût de souris, une bactérie qui rend le vin imbuvable et qui se développe à la mise en bouteille. On a dû arrêter la production et détruire les bouteilles». Tous les vins peuvent être concernés mais c’est surtout les vins natures, avec peu de sulfites ajoutés, qui le sont. Un gage de qualité qui réserve parfois d’étranges surprises. Olivier nous confie qu’heureusement ce genre de situation est exceptionnel.
C’est aussi un vigneron à la recherche de la simplicité, la souplesse, la buvabilité, et l’équilibre même avec une cuvée à 14°. Tout cela avec un but précis «Il faut faire ressortir l’identité du terroir des vignes mais aussi la philosophie et le caractère du vigneron ». Même s’il est installé en Vallée du Rhône, c’est un grand amateur de Chenin et des vins de la Vallée de la Loire, où il y trouve de nombreux petits vins qui surprennent.
Sa cuvée première toile provient de vignes de 45 ans d'âge pas lissées, très ensoleillées, avec un terroir de garrigue sec et caillouteux. Les vendanges sont faites à la main. « C’est un vin un peu charpenté et structuré par le mourvèdre, avec une bouche portée sur des fruits rouges mûrs les deux premières années et puis sur la griotte après deux ans». On note la référence de la toile d’araignée avec le nom du Domaine. Un vin qui lui évoque Le Sens de la Fête avec Jean-Pierre Bacri, à la fois drôle et sérieux.
On attend impatiemment le nouveau millésime de 2020 qui s’annonce très réussi. «Un millésime plus fruité et moins structuré, pas de soucis et aucun ajout de sulfites pour le moment». Une cuvée de Grenache Blanc est également en cours avec une mise en bouteille prévue à la mi-février ! Un vigneron loin des standards qui propose des vins vivants dans lesquels s’exprime le terroir. À suivre de très près !
